Je n'ai pas de photo à poster, à mettre à la face du monde...
Je n'ai que son image en tête et tout l'amour qu'il m'a porté tout au long de sa vie. Dans mes bons ou mauvais moments, il a toujours été là, dans les mauvais surtout, il savait rester discret pour les bons et me laissait expérimenter, il ne m'a jamais interdit ou presque, du moins dans les limites du raisonnable et dans le respect d'autrui. Il y a un an, à cette même heure, je sortais de l'épreuve la plus pénible de ma vie, j'avais assisté tout au long de la journée, à la petite mort de mon père, son souffle irrégulier, son cœur qui luttait contre l'inévitable mais qui ne savait pas qu'il battait pour un esprit qui s'était déjà éteint!...
J'ai regardé les signaux sur les écrans, j'ai fait mille allers et retours dedans et dehors de ces salles de réanimation, on nous avait fait bien comprendre que ce vendredi 20 septembre 2013 était le dernier espace laissé à mon père, pour quelques heures encore!..
Il devait trouver ça injuste lui aussi, comme nous tous réunis autour de lui! Alors il s'est battu, courageusement mais en vain...
Un boucle de 365 jours vient de s'accomplir, une boucle d'absence, une année sans mon père, sans cet être qui a veillé sur moi et mes délires tout au long de ma misérable vie car je n'ai pas réussi à être grand! Il a accompli sa légende personnelle, a traversé une montagne pour rejoindre un pays alors encore hostile mais qui a su l'accepter au fil des jours! Car mon père était un homme bon, mon père était un homme simple, un homme sain, presque tout le contraire de moi en quelque sorte car j'ai toujours quelque chose de compliqué qui me rend mauvais et je disparais systématiquement du champ de vision d'autrui car le cœur regarde avec les yeux, et s'ils se ferment, il voit mieux encore! Derrière ses yeux bleus, combien d'amour y avait-il? Un océan, un bras de mer, une mer fermée et confidentielle certainement, comme celle qu'il a quittée à tout jamais pour venir vivre, travailler et finalement mourir ici, en une terre étrangère!...
Il habite désormais au bout d'un lieu de paix et il entend partir vers les cieux qu'il explore tous les jours, des avions qui s'envole vers des ailleurs improbables...
Je vais le visiter souvent, j'ai encore des larmes, j'ai encore de l'amour pour lui et j'ai peur de ne plus pleurer, d'être à court de sentiment! J'ai honte d'être si dispersé, perdu entre le monde des vivants et celui des absents, je leur ressemble, j'ai l'impression d'être absent dans ce monde de vivants alors que mon père est encore si présent, lui, de l'autre côté de la terre...