Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
8 janvier 2015 4 08 /01 /janvier /2015 09:10

cette petite fête improvisée m'a renvoyé à un texte ancien, que j'avais envie de crier jadis... 

 

Lomogram_2014-12-21_09-31-00-.jpg

         Photographie par Milfred Persimorel (retouchée par le studio de l'ODA)

 

 

 

 

                                 Par deux fois…

  Comment peut-on commencer à écrire ce genre de choses ?

 

 

Se placer loin dans l’échelle du temps ? Repère facile et parfois fragile, rattraper ses souvenirs, vite avant qu’ils ne meurent dans les méandres de notre mémoire…

 

Alors me voilà dans une voiture avec toi, petit gars qui devenait un homme, enfin, un militaire surtout, parce que c’est bien connu ;c’est en faisant son armée qu’on devient un mâle, un vrai, un dur, un être de roc…

J’avais souvent entendu ça et n’ayant pas fait mon armée comme toi tu t’apprêtais à la faire, je n’étais qu’une tarlouze aux yeux du monde…

Mais c’était pas le genre de bazar avec lequel je m’encombrais l’esprit, j’avais autre chose de mieux à l’époque, une désespérance chronique et le plus souvent préfabriquée, alors, j’étais le même héros sans envergure, un « brûle-pétrole » dans la nuit, parce que j’en faisais des bornes à l’époque, inutilement, pour sauver le monde… et j’ai pas sauvé grand monde, dépanné deux trois auto-stoppeuses qui ne sont évidemment pas tombées amoureuses de moi !..

Alors ce soir d’hiver, ça devait être l’hiver si je me souviens bien, en tout cas il ne faisait plus jour malgré l’heure pas trop avancée, vingt heures ou quelque chose dans le genre, je ne sais plus, mais on a roulé vers ta caserne mon gars, t’étais presqu’aviateur ! C’est à Villacoublay et la route de la base devenait de plus en plus étroite jusqu’au moment où on s’est rendu compte qu’il n’y avait que les gens qui devaient s’y rendre qui ne pouvaient qu’être là ! T’es devenu silencieux, mais ça faisait un paquet de minutes que ça durait, je disais plus rien non plus, je crois qu’on a arrêté de dire des conneries quand on s’approchait bien violemment du moment où t’allais abandonner l’enfance et l’adolescence d’un coup, comme ça, dans cette putain de caserne qui se faisait sentir, déjà, au loin, subrepticement !.. Non, t’as plus rien dit, tu regardais droit devant toi, tu devais avoir plein d’images dans la tête, on était que tous les deux alors que l’année d’avant, on était toute la bande pour accompagner le Borie à la gare quand il allait partir dans l’Est…

Non, ce soir-là, on était que deux ritals, enfin toi t’allais devenir français du coup, après une année passée au garde à vous…

 

…Ta maman est partie au ciel parce qu’elle avait trop mal, mais maintenant, elle n’a plus mal car elle a rencontré des anges… 

 

On a vu le poste de garde, une lumière faiblarde éclairait le connard qui se gelait les couilles et ça devait bien le faire chier car il a pas attendu dix secondes avant de me crier à la gueule que je devais foutre le camp de là ! J’ai beau eu lui dire que j’accompagnais mon bidasse de filleul, mais ça n’a servi à rien !

J’ai alors commencé ma manœuvre pour faire demi-tour et je t’ai regardé comme ça, à la volée et j’ai vu des larmes qui sortaient de tes yeux !

Putain, je crois bien que je ne t’avais jamais vu pleurer ! Ca m’a fait quelque chose ! Tu devais être bien à mal pour que tu laisses ta flotte salée sortir de tes yeux, et elle devait être bien salée depuis le temps que ça marinait derrière tes paupières !  Voilà, j’avais vu tes larmes pour la première fois et je croyais bien que j’en reverrais jamais d’autres, mais je m’en foutais pas mal, je courais pas après ça, mais t’avais lâché ta pudeur devant moi, le parrain que j’étais  redevenu, l’espace d’un soir, et j’ai joué le rôle que tu voulais me voir jouer !…

 

Mais elle reviendra quand maman ?

 

 

 

 

 

Et puis je suis rentré, seul, j'ai même pas pu rester un peu devant cette grille aussi sinistre que celle d'une prison, non j'ai pas pu à cause de l'autre enfoiré de garde!...

J’ai beaucoup roulé ce soir-là, je voulais sauver la planète mais elle devait être bien déserte, j’ai vu personne, même les rares bagnoles que j’ai croisées n’avaient pas de conducteur, la vie s’était barrée quelque part, peut-être avec toi, sur tes épaules…

 

mais elle reviendra pas maman, elle est partie au ciel parce qu’elle avait mal !

 

Après ça s’est bien arrangé, t’es revenu et on a fait les cons, souvent, avec d’autres, puis avec d’autres encore, mais à la fin c’étaient plus les mêmes cons, on avait chacun les nôtres et ça pouvait plus trop se mélanger, on les aimait quand même, on était tous des chiens de galères.

On a eu plein d’histoires, enfin moi j’en ai eu plus mais j’en suis pas trop fier, fallait passer par là, faut croire…

Et toi t’en as eu une aussi, on n’y croyait plus avec les autres, tes vrais potes, ceux de la rue Paul Lafargue, les vieux de la vieille , mais c’est tombé à l’eau, ça s’est fracassé comme souvent les histoires d’amour ;avec plein d’éclats de verres qui restent plantés dans le cœur et qui font encore plus mal quand on essaie de les enlever …

T’es venu à la maison, mal comme on sait être mal dans ces cas-là, mais t’as pas pleuré, t’avais juste une haine pour l’humanité entière, surtout pour l’autre sexe en fait, j’ai essayé de te faire entendre raison mais t’as rien voulu savoir, tu t’es barré sans me traiter de connard, mais je t’ai entendu penser…

 

Mais toi aussi t’avais mal à la jambe l’autre jour et t’as pas été au ciel ! 

 

 

Le temps est passé, tout s’est arrangé et un beau soir, je me suis arrêté chez toi, dans ta maison qui n’en finissait pas d’être en travaux, mais ça ne me gênait plus, je savais que t’allais t’y remettre un jour et que t’allais bosser comme une âne, voûté et patient comme un moine tibétain…

Je faisais parti de la longue file de copains qui passait prendre un verre chez toi, parce que je savais que t’avais toujours un coup à boire et que j’avais besoin de me laver le cerveau souvent…

Mais un soir, j’ai frappé, je suis rentré presqu’aussitôt après mais t’étais pas là, pas dans la cuisine, j’ai pensé que t’étais encore sur le trône en train d’apprendre l’Equipe par cœur mais j’ai entendu comme une agitation dans ta chambre et t’es apparu en vrac, un peu gêné, mal à l’aise, comme pris sur le vif, j’ai rien compris jusqu’au moment où j’ai vu sortir la copine que tu nous avais présentée comme collègue de travail quelques semaines plus tôt à l’occasion d’une fête.

J’étais arrivé au mauvais moment, mais on a bien rigolé, il n’y avait plus rien à dire ! C’est comme ça que j’ai compris…

Elle était d’Orléans dis donc ! Et moi qui venais de me faire jeter par une nana qui venait d’Orléans ! C’est marrant la vie, même si tu fais tout pour oublier des choses, ben en fait ça sert à rien, le hasard (mais peut-on appeler ça du hasard ?) te remet dare-dare un truc qui te fera péter tes souvenirs à la gueule et c’est le plus souvent des sales trucs, pas des choses sympas, non c’est plutôt toujours assez glauque, c’est peut-être parce qu’on se souvient plus longtemps des sales histoires de notre vie, je sais pas, pour moi ça marche comme ça, mais bon… Un soir elle m’avait invité à venir dîner chez elle, t’étais pas encore arrivé, tu finissais vers vingt heures, on a parlé un peu pour faire connaissance, je l’ai trouvée très cool et t’es apparu après une longue journée de boulot et après un ou deux verres de whisky, ça allait bien pour moi, j’étais en parfaite harmonie avec la planète, j’avais enterré la hache de guerre, t’étais bien aussi, t’as même trouvé que je jouais bien de la guitare alors que t’avais  passé dix ans à tenter de me faire changer de délire ! c’est dire qu’on était bien pour pas s’engueuler en parlant de musique !

 

 

-oui mais maman elle avait vraiment un très gros bobo et pour plus qu’elle ait mal, les anges l’ont emmenée avec eux pour la faire dormir sur les nuages.       

  *************************************

 

il n'a pas été seul ce soir là, ce soir de décembre où tous ensemble, nous, sa famille, ses amis, avons fait en sorte d'effacer pour un soir, onze ans de solitude...  

 

Partager cet article
Repost0
14 décembre 2014 7 14 /12 /décembre /2014 23:54

Un Huis étroiT

 

J’ai comme une honte de ne pas avoir fait assez et surtout de ne pouvoir faire plus !

Un être fragile, non loin de moi, de nous, perdu dans sa solitude quotidienne a des envies de fin, des souhaits d’abandon, des rêves de pouvoir dormir une toute dernière fois et habiter la même chambre que son amant, enfin !

Quand on attend la fin, la vie devient très longue, l’éternel s’impose, injuste et cruel et s’amuse de nous voir souffrir !

Ce fut un anniversaire morose, à l’image du temps dehors, gris, humide qu’un brouillard habillait de sa cape opaque !

Je suis venu avec des fleurs, je crois bien que c’était la première fois.

J’ai donc bien honte ce soir de n’être qu’un mauvais fils, trop silencieux, trop occupé à ne rien faire car si je faisais quelque chose, je n’en serais certainement pas là, à croire que je fais alors que je défais….

Le problème avec mon esprit c’est qu’il est ailleurs.

Si je vous disais que je n’ai jamais été là, on aurait du mal à me prêter crédit et pourtant !...

J’ai l’esprit si malade qu’il ne s’arrête jamais, qu’il a sacrifié déjà tant et tant de choses que la soif d’un incompréhensible salut devient une urgence improbable !

 

Alors là-bas, à quelques kilomètres de moi, dans une maison où j’ai des milliers de souvenirs et où est née cette maladie, j’ai blessé un être aujourd’hui, j’ai blessé la chair qui m’a donné le jour ! J’ai blessé sans parler, car on peut blesser sans mot dire, on peut tuer l’amour par le silence et par l’oubli.

Aujourd’hui j’ai bafoué la joie, j’ai omis l’essentiel, j’ai raté une de mes dernières occasions d’être un bon fils.

Ce soir j’ai entendu une femme appeler de ses vœux la faucheuse pour pouvoir aller rejoindre celui qui s’est battu avec rage pour la séduire, celui qui a partagé sa vie pendant plus de soixante ans !

J’ai de l’admiration et des larmes de mortel pour écrire mon impuissance à n’être que ce que je suis, c’est-à-dire un petit homme, si petit qu’il est devenu mesquin, que ma cécité éclaire mes jours et obscurcit mon cœur.

Ce fut un jour amer, pas même un gâteau  pour sucrer le palais.

Et si on me demandait ce qui ferait plaisir à ma mère, je ne saurais pas même quoi répondre tellement je le connais peu !

Je ne suis pas un être du quotidien, je suis à l’aise de loin en loin, quand l’absence se fait forte et qu’on a envie de bouger pour aller retrouver quelque être cher !

Non, je ne suis pas du quotidien, ce quotidien qui tue à demi-mot

, à petit feu, et qui mène la vie à vau-l’eau…

Je voudrais  parler mais mes mots sont de papier, de ce nouveau papier invisible et virtuel qu’il faut mille techniques pour pouvoir lire ces mots amers que je viens d’écrire!

Ces techniques si incompréhensibles pour une mère de quatre-vingt-trois ans qu’elle ne pourra jamais les lire mais que surtout je ne saurais jamais lui dire !....

 

Pardon maman, tu ne le sauras jamais mais ce soir j’ai honte car ces mots que je ne te dis pas, te tuent tout doucement…

 

 

 

 

                                                    pardon-amer.jpg

Partager cet article
Repost0
14 décembre 2014 7 14 /12 /décembre /2014 22:35
L’univers parallèle.

 

 

Ce fut quelque chose de furtif, quelque chose d’inattendu, de surprenant et pour tout dire, de vraiment très troublant ! Je ne m’attendais pas à une telle puissance dans l’émotion ! Happé par une vague de l’esprit, provoquée par ce que mes yeux venaient de voir !

Alors comment parler des sentiments qui m’envahirent pendant cette fraction de seconde, dans ce laps de temps ridicule à l’échelle humaine mais qui justement mettait en scène deux humains ?!!!

En écrivant ce soir, cette vision passée, cette vision violente et déstabilisante qui m’apparut au cours d’un concert, en fait juste avant le concert à proprement parler, dans cet espace privé des musiciens, ce rempart ultime avant d’aller affronter le public, ce public venu vous sublimer ou vous vomir !

 

Ce concert avait lieu dans une petite salle de banlieue, outrageusement petite  et scandaleusement trop amplifiée pour la maigre surface laissée à un public plutôt jeune. J’étais avec mon fils qui se plaignait déjà de l’intensité démente du son distillé dans cette salle ! Un DJ qui ne faisait bouger qu’une seule jeune femme, ne s’intéressait pas à ce qu’il y avait devant lui, dans la salle, là, à quelques mètres, non, on aurait dit qu’il s’en foutait un peu, il était complètement absorbé par ses 33 tours qu’il sortait et enchaînait dans une espèce de danse rituelle et sacrée, connue de lui seule, et de sa seule groupie manifestement !

Alors pour reposer nos oreilles en attendant d’affronter le vrai héros de la soirée, je suis sorti dans le couloir, juste devant une porte qui s’ouvrait de temps à autres. Je compris très vite qu’il s’agissait de l’espace privé réservé aux musiciens avant qu’ils n’entrent en scène. Un gamin, le fils de l’ingé-son, n’arrêtait pas d’entrer et de sortir !

Et ce fut là que je vis ce musicien que je connaissais, le seul du groupe du reste, nous lui avions parlé pendant quelques minutes avant qu’il n’aille s’isoler précisément, je pensais le revoir sur scène, pas avant, mais le hasard, qui sait si bien nous surprendre, en décida autrement et nous mit face à face, en opposition, comme si une porte venait de s’ouvrir sur une autre dimension !

J’ai compris par la symbolique de ce hasard, qu’il existait d’autres mondes dans le nôtre, ou à côté du nôtre car c’est le sentiment que j’eus en le voyant me regarder, apparemment tout aussi surpris que moi, de voir qu’il pouvait y avoir de la vie derrière cette porte !

En une nano seconde, j’ai vu des vies défiler, des milliers de mots se dire et se perdre dans cette spirale insensée !

Je n’étais pas préparé à cela, j’étais venu voir un ami jouer dans un groupe et voilà qu’on m’offre les portes du temps et de mondes parallèles ! J’ai vu ses yeux comme il a vu les miens, j’ai vu ses mains, ses outils de travail, j’ai vu la distance incommensurable que pouvait représenter ces deux ou trois mètres qui nous séparaient ! J’ai vu son enfance défiler devant mes yeux, je l’ai vu grandir et devenir un homme, je l’ai senti me couper les cheveux quand mes poils latéraux survivants s’amusaient à me faire ressembler à un clown, je l’ai écouté pratiquer son art avec nous, son premier groupe, je l’ai vu mûrir et me demander comment était le métier de père, je me suis revu lui répondre qu’il n’y avait pas d’école et que la vie te balançait des situations inextricables et souvent sans mode d’emploi ! Je l’ai vu boxer son père quand il avait à peine deux ans, déjà petite star de l'écran d’un modeste super 8, je l’entends encore me prévenir qu’il arrivait, juste pour venir dire au revoir à mon père qui se préparait pour son dernier voyage, je me rappelle encore de ses mots simples mais terriblement et violemment émouvants qu’ils m’arrachent encore des larmes ce soir que je l’écris ! J’ai un mur de silence dans le noyau de cette seconde fragile qui s’éteint quand je le regarde ! J’ai le regard absent de son propre père, inquiet d’aller rejoindre le mien, j’ai la joie de boire un verre en leur compagnie, là, avec derrière eux cette petite salle où il a été le seul à travailler très dur et sans relâche afin d’aller se faire chauffer le corps par les étoiles.

J’ai la cruauté d’une porte qui se referme sur cet univers qui vient de vivre devant moi, à une vitesse vertigineuse et dont je ne retiens sinon ces images maladroitement traduites pour noircir cette feuille et essayer de décrire cette seconde de vie éternelle car j’ai senti des milliers de couloirs possibles, qui mènent à la gloire, à l’éternité et à l’amour !

 

Mais pour être tout à fait honnête, pour avoir vu ces deux univers se frôler subrepticement, j’ai su quand la porte venait de se refermer, que j’étais du mauvais côté du monde, et que de ce côté-ci du monde, l’amour ne dure pas, la vie s’éteint et on n’y peut rien ! Je n’ai pas eu le temps ni la présence d’esprit de me lever et de crier des mots vers ces êtres qui nous ont fait grands ou misérables, par la lucarne improbable qu’offrit cette porte entrouverte l’espace d’un éclair !

J’étais sonné, j’ai entendu alors que je voulais voir, découvrir que l’éternité se résume à une fraction de seconde de ce côté-ci de l’univers !

 

Ami, prête-moi une de tes baguettes magiques afin que je puisse crier encore quelques mots vers celui qui te faisait rire mais qui me fait encore pleurer ce soir !

 

 Il est là, juste derrière toi, il te regarde jouer…

                                           l-univers-parallele-jpg

Partager cet article
Repost0
28 novembre 2014 5 28 /11 /novembre /2014 11:35

Compte-rendu d’une soirée entre amis.

Nous étions six ce soir. Nous aurions pu et peut-être dû être huit, nombre de personnages qui se sont croisés au cours de l’existence. L’un rencontrant l’autre, puis en présentant un suivant…

Ce sont des alchimies communes, pas très originales. Nous n’étions pas si différents des autres, de ceux que nous avons tous croisés, respectivement, sans chercher à aller plus loin, faisant l’économie d’une rencontre, car peut-être ces rencontres étaient « fatigantes » ou « inutiles » ! N’avions-nous pas déjà, en notre propre sein, une panoplie de personnages différents, originaux, pathétiques et géniaux en même temps, mais pas au même moment?

 

Je pourrais commencer une histoire, cette histoire de potes qui sont passés par tous les états, de la haine à l’amour, de l’indifférence à l’inquiétude, et j’en passe…

Alors de cette bande d’hurluberlus,  j’en suis le doyen, mais n’ai jamais eu droit à aucune espèce de faveur, nous ne sommes pas dans un monde de privilèges, non, notre univers est plutôt à l’image de la nature ; rude, franc, violent et direct ! Pas d’ambages, pas de fleurs, rien que de la pluie acide, cette pluie contaminée venue de Tchernobyl, à peu près au plus fort de nos réunions !

Alors il y eut des larmes, un peu, de la trahison, du pardon, de la joie et quelques peines ! Mais aujourd’hui, nous sommes tous devenus pères, et pas dans l’ordre qu’on aurait pu croire ! Cela s’est fait un peu à l’envers, et la différence entre le premier et la dernière s’élève à quelques 16 années si je ne m’abuse ! Et chose amusante, les deux pères étaient voisins dans leur enfance !...

 

Je ne sais pas comment les autres sont devenus pères, j’ai une vague idée et puis devenir père induit une mise à l’écart presque naturelle car il faut apprendre à être père, découvrir l’animal que nous sommes et qui est prêt à déchiqueter quiconque s’approche de trop près de sa progéniture !

Je n’ai pas appris le métier de père. Mon père ne l’a pas fait, car il l’a découvert tout seul lui aussi et dans des circonstances encore plus extrêmes que moi car il était loin de son foyer et a tout fait pour que sa famille, celle qu’il venait  de créer, s’approchât enfin et définitivement de lui, même si les conditions de vie, au tout début, étaient particulièrement pénibles pour ma mère ! Pour ma part, je ne comprenais rien, j’avais à peine un an et demi et mes yeux regardaient cette tablette tactile immense qu’est la vie, sans pare-feu, ni antivirus pour nous protéger ! Cette protection n’était possible que lorsque mon père ou ma mère étaient là, non loin de nous, et j’ai au moins deux anecdotes que je pourrais raconter sur cette protection rapprochée offerte par l’un et par l’autre !

J’ai raconté un jour, au plus jeune père d’entre nous, combien il m’avait été difficile d’être père ! Comment j’étais parvenu à faire ce métier sur le tard, comment j’ai rattrapé mon retard en cours du soir, entre la lecture de biberons et la consultation des dictionnaires de couches culottes chargées sans retenues, de gammes alimentaires, plutôt souvent liquides et toujours trop fréquentes pour les papas que nous sommes ! J’ai raconté comment j’ai appris, sans le chercher, ni le savoir, à être celui qui, quelques années plus tard, allait entendre de la bouche de ses enfants des mots tendres et très affectueux, preuves s’il en fallait, que mes improvisations en tant que père étaient plus réussies que celles que jadis, je faisais à la guitare…

La musique est, quelque part, le ciment profond de cette image car si cela ne se voit pas, je peux vous certifier que dans cette image, il y a un potentiel musical énorme. Une harmonie évidente, un savoir et une maîtrise pour certains alors que d’autres sont plus autodidactes ! Une alchimie particulière et étrange a réussi à fusionner un peu tout cela, à accorder les différents instruments que nous sommes.

 

 C’est une bien belle histoire, je vous l’assure… 

Le-SaghartaMiv-s.jpg

(montage photo d'après une photographie de Matchol P.)

Partager cet article
Repost0
25 novembre 2014 2 25 /11 /novembre /2014 09:47

 

 

 

nous sommes le mardi 25 novembre 2014.

J’ai de nouveau passé une mauvaise nuit. Je ne sais plus à quand remonte ma dernière et vraie nuit calme, où j’ai pu dormir reposé et me réveiller prêt à affronter la vie au quotidien.

Dans ce rêve, entre deux courtes phases de sommeil, j’ai aperçu mon père et puis par l’alchimie improbable des scénaristes de nos nuits, je me suis retrouvé en famille, avec ma mère et ma sœur je crois, je n’en ai pas un souvenir précis mais puisque nous étions en famille, c’est le sentiment que j’avais dans ce rêve, elle devait certainement y être, peut-être incroyablement trop discrète. Et puis il y avait mon père, personnage central, car nous étions à l’hôpital, c’était un moment critique, mais je ne sais pas si nous étions dans la phase de déclin, ces derniers jours dont on ne sait pas sur le moment qu’ils représentent nos derniers instants avec un être cher ! Je crois que nous sortîmes de l’hôpital, ou bien que nous fuîmes  ce lieu maudit car on y devinait bien une certaine fatalité, indifférence ou que sais-je encore.  J’ai senti mon père « partir », ou absent, je ne sais pas comment décrire son état à cet instant précis du rêve, mais il n’avait pas l’air bien, au vu des larmes et des cris de ma mère, et de ma sœur finalement, car je me souviens désormais de sa présence, par ses lourdes larmes ! J’ai pris la tête de mon père, l’ai serrée, j’ai embrassé son front, et je lui ai dit que je l’aimais.

Ce fut rapide, ce fut sincère, ce fut comme dans un rêve, ce rêve que nous vivions, que je vivais, et qui me semblait si intense et réel ! Nous nous dirigions vers la voiture, toujours pour échapper à ce lieu maudit, à ce mouroir inavoué, caché, à l’abandon par le pouvoir politique, quel qu’il fût, le peuple n’a plus le droit aux soins, la banque avale tout sur son passage depuis le mensonge de l’Europe !

Et puis le vrai miracle eut lieu ! Mon père qui titubait, que nous transportions littéralement, quand il vit sa voiture, sa bonne vieille Escort, me demanda de me pousser car il voulait prendre le volant et la conduire lui-même ! Ma mère en fut effrayée, je ne sais pas si cela était dû à son étonnement ou au fait de voir son époux revenir à la vie et prendre les choses en mains ! De mon côté, je n’ai pas réagi autrement qu’en lui donnant les clés avec plaisir, j’étais content de le voir ainsi, de le voir vivre devant moi alors qu’il dormait depuis 432 jours déjà, là, dehors, de l’autre côté de la vie, de l’autre côté de ce rêve !....    

Merci Papa, merci d’être venu m’éclairer cette nuit !

Car ce matin, pour être totalement honnête, j’ai eu une réponse à la tonne de questions qui hantent mes nuits ! J’ai compris le sens de mes insomnies, j’ai compris cette torture inconfortable qui m’empêche d’avoir des nuits sereines, calmes, humaines…

J’ai compris que je voulais tout contrôler et que ma peur la plus profonde était de me laisser n’être que  moi-même !....

 

Et que surtout, il n’y avait aucune honte à cela !....                      

                  le-reve-du-25.11.2014.JPG

Partager cet article
Repost0
20 septembre 2014 6 20 /09 /septembre /2014 23:16

Je n'ai pas de photo à poster, à mettre à la face du monde...

Je n'ai que son image en tête et tout l'amour qu'il m'a porté tout au long de sa vie. Dans mes bons ou mauvais moments, il a toujours été là, dans les mauvais surtout, il savait rester discret pour les bons et me laissait expérimenter, il ne m'a jamais interdit ou presque, du moins dans les limites du raisonnable et dans le respect d'autrui. Il y a un an, à cette même heure, je sortais de l'épreuve la plus pénible de ma  vie, j'avais assisté tout au long de la journée, à la petite mort de  mon père, son souffle irrégulier, son cœur qui luttait contre l'inévitable mais qui ne savait pas qu'il battait pour un esprit qui s'était déjà éteint!...

J'ai regardé les signaux sur les écrans, j'ai fait mille allers et retours dedans et dehors de ces salles de réanimation, on nous avait fait bien comprendre que ce vendredi 20 septembre 2013 était le dernier espace laissé à mon père, pour quelques heures encore!..

Il devait trouver ça injuste lui aussi, comme nous tous réunis autour de lui! Alors il s'est battu, courageusement mais  en vain...

Un boucle de 365 jours vient de s'accomplir, une boucle d'absence, une année sans mon père, sans cet être qui a veillé sur moi et mes délires tout au long de ma misérable vie car je n'ai pas réussi à être grand! Il a accompli sa légende personnelle, a traversé une montagne pour rejoindre un pays alors encore hostile mais qui a su l'accepter au fil des jours! Car mon père était un homme bon, mon père était un homme simple, un homme sain, presque tout le contraire de moi en quelque sorte car j'ai toujours quelque chose de compliqué qui me rend mauvais et je disparais  systématiquement du champ de vision  d'autrui car le cœur regarde avec les yeux, et s'ils se ferment, il voit mieux encore! Derrière ses yeux bleus, combien d'amour y avait-il? Un océan, un bras de mer, une mer fermée et confidentielle certainement, comme celle qu'il a quittée à tout jamais pour venir vivre, travailler et finalement mourir ici, en une terre étrangère!...

Il habite désormais au bout d'un lieu de paix et il entend partir vers les cieux qu'il explore tous les jours, des avions qui s'envole vers des ailleurs improbables...

Je vais le visiter souvent, j'ai encore des larmes, j'ai encore de l'amour pour lui et j'ai peur de ne plus pleurer, d'être à court de sentiment! J'ai honte d'être si dispersé, perdu entre le monde des vivants et celui des absents, je leur ressemble, j'ai l'impression d'être absent dans ce monde de vivants alors que mon père est encore si présent, lui, de l'autre côté de la terre...

Partager cet article
Repost0
21 juillet 2014 1 21 /07 /juillet /2014 09:18

Elle est partie vendredi matin. Comme son maître qui lui manquait depuis septembre...

Elle l'a attendu pendant de longues semaines, devant la porte en se disant "il va revenir!"

                                 Mon maître va revenir, c'est certain, c'est évident, c'est obligatoire! Il est toujours revenu!

Comment lui dire qu'il ne reviendrait jamais? Je l'ai caressée longtemps, je lui ai parlée longtemps, je lui ai dit 

de ne plus attendre, que son maître qu'elle chérissait le plus au monde était parti et qu'il ne lui montrerait plus sa laisse pour aller la promener dehors, dans la rue et l'impasse tout à côté. Oh à la fin, c'était juste quelques pas derrière la grille, même l'impasse, pourtant à dix mètres à peine était au bout du monde quand on est vieille! Elle avait seize ans, longue vie pour

une chienne, longue vie mais qui s'est transformée en calvaire les derniers mois.

On aurait dit qu'elle avait cessé de vouloir "fonctionner", qu'elle cherchait  un moyen d'aller retrouver

son maître!...

Alors elle y est parvenue, cela n'a mis guère longtemps, dix mois à peine après le départ de mon père, son maître...

Nous l'avons gardée une fois à la maison, quand tout le monde était parti en vacances, elle  a fait plutôt bon ménage avec les chats de la maison, mais eux ne  savaient pas qu'elle était habituée depuis longtemps à la présence féline.

Mes parents ont toujours eu un chat à la maison, je ne pourrais pas citer tous les noms qu'ils ont eus, ou alors au moins un;

Tarzan, un ravissant chat de gouttière au poil épais! Mais c'était il y a si longtemps!...

A son arrivée à la maison familiale, elle s'est tout de suite sentie à l'aise et se mis à courir dans le jardin et surtout

le potager, ce qui énerva immédiatement les parents! Mais elle était tellement câline et affectueuse!...

Elle s'est montrée très vigilante aussi! Elle sentait l'arrivée de visiteurs avant même qu'ils ne se manifestassent!

Elle a été la chienne de la retraite de mes parents et a veillé sur eux pendant 16 années avant d'être fatiguée

de devoir attendre de revoir son maître...

C'était un vendredi, comme toujours, où la mort attendait gentiment de pouvoir accomplir son oeuvre...

J'ai pris la voiture de mon père pour l'accompagner chez le vétérinaire, ma mère s'installa à ses côtés, sur la banquette arrière et nous sommes partis. Court trajet mais je voulais qu'elle retrouve un peu l'odeur de mon père dans sa voiture.

Qu'une transition se fasse, en douceur, possiblement...

Mais une fois devant la porte du vétérinaire, mes premières larmes sont apparues.

Et je n'ai pas cessé de les sentir couler jusqu'à la fin, jusqu'à cette piqûre léthale qui l'a d'abord endormie

afin qu'elle s'apaise et qu'elle ne souffre plus! Elle avait un cancer et saignait de plus en plus abondamment...

L'assistante me félicita de rester avec elle dans mes bras, de veiller jusqu'à la fin car d'après ses propos, peu de gens

y parviennent! Il n'est pas évident de tenir la main d'un être cher jusqu'à son dernier souffle!

Mais nous étions vendredi et j'ai déjà tenu la main de quelqu'un qui partait, dont j'ai écouté le coeur battre de plus en plus lentement jusqu'à s'éteindre, dont j'ai entendu la respiration s'amenuiser jusqu'à ce dernier râle qui accompagne l'évasion de l'âme!... Etrangement, tout était identique à ce que j'ai vécu pour mon père! Peut-être était-il à mes côtés pour m'aider à la laisser partir le rejoindre! Je ne sais pas, c'était pénible, terrible, cruel mais le rythme de sa respiration se faisait plus lent et surtout plus tranquille! Elle devait voir mon père et était apaisée, rassurée d'aller pouvoir enfin lui sauter dessus!...

Je n'ai rien vu de tout cela, je suis resté derrière la porte, cette porte immense et infinie, noire et lugubre qui est de notre côté et qui sépare le monde des vivants de celui des défunts! 

Elle ne respirait plus ou alors à peine, son corps était totalement relâché, les barbituriques avaient fait leur office...

Je lui ai posé un dernier baiser sur le front, je l'ai regardée une dernière fois et j'ai rejoint ma mère, qui pleurait encore...

 

Plus tard, devant la tombe de mon père, pendant que ma mère nettoyait les pots de fleurs, j'ai regardé la photo de mon père, son visage au large sourire était plus intense encore! Il ne me regardait pas, il jouait enfin de nouveau avec sa chienne!.... 

                      Willow.jpg
Partager cet article
Repost0
20 mars 2014 4 20 /03 /mars /2014 12:41

                                                      Le Premier Printemps

                                              (La Prima…vera)

 

Comme une promesse que tu t’efforces de tenir, tu nous offres aujourd’hui un soleil magnifique ! Un ciel bleu infini, un océan qui mène à ton nouveau royaume. Je me souviens du discours de mon médecin qui évoquait  ces dates précisément ! Des dates particulières à chacun de nous, en rapport avec sa propre détresse face à l’inévitable cruauté de la vie. Je pense à toi, mais je pense aussi à celle qui doit être devant chez toi, à s’occuper des fleurs aux couleurs chargées de sens et d’amour. Sa fille, ma sœur, présente,  j’en suis certain, celle qui n’a jamais lâché ta main alors que je n’eus de cesse ce jour-là d’aller regarder le ciel, aussi bleu qu’aujourd’hui et implorer la venue d’un ou de plusieurs dieux, j’en avais besoin, je voulais croire en l’impossible et oublier la première seconde qui nous a précipité dans ce gouffre, tous ensemble…

Je passerai te voir moi aussi, tout à l’heure, je ne sais pas s’il y aura du monde, je ne pense pas, ce sera désert ou presque, à ta mesure car même si tu aimais le monde extérieur, tu semblais si calme et serein quand le silence t’entourait ! J’ai l’image de ton premier chien qui vient se faire caresser devant ta cheminée, cette cheminée que tu as imaginée et réalisée seul, avec ta force et ton courage, cette cheminée qui réchauffe encore les femmes que tu as dû quitter, non par ta faute mais à cause de ce petit crabe qui était parvenu à venir te manger le ventre !

Je l’avoue, une petite larme vient de s’échapper, je pensais que cela ne se produirait pas, mais cela m’arrive encore, ces six dernier s mois n’ont rien changé en moi, c’est toujours hier et un vendredi d’horreur où nous avons assisté impuissants, à ton dernier combat !

Quand je serai fort, j’espère avoir le courage de décrire ce que j’ai vu ce jour-là, de parler de toutes ces putains de minutes qui ont toutes durées mille ans ! Et surtout des toutes dernières, gravées à jamais et pour l’éternité dans ma chair, dans les moindres replis et recoins de mon esprit !

Nous vivons dans un univers de mensonge où l’on cache la vérité, et la mort fait partie de ces choses dont on veut nous faire croire qu’elles n’existent pas ! Pourquoi ? Alors que dans la majorité des autres cultures, cet instant douloureux fait partie intégrante du processus de vie ! Alors quand la fatalité s’abat sur nous, nous sommes désemparés ! Je n’étais pas suffisamment préparé mais tu nous as rendu la tâche facile en restant digne même une fois de l’autre côté de ce miroir sans tain ! Tu étais magnifique, allongé et reposé sur ton lit de soie, dans ton beau costume bleu. J’ai été le dernier à te voir, avant qu’une planche ne vienne t’enfermer dans mes souvenirs ! Première barrière qui nous a séparés, avant les autres qui devaient rendre impossible tout contact, improbable…    

J’ai peur de ne pas être à la hauteur quand la pierre tombale viendra apporter cette touche définitive, le point avant le mot fin, de toute histoire…

Mais maman sera heureuse, contente, fière d’avoir réalisé cela, de t’avoir offert cette dernière demeure qu’elle souhaite intégrer au plus vite mais qu’elle ne nous avoue pas. Elle attend son heure mais je suis persuadé qu’elle la connaît son heure, que l’amour qu’elle a pour toi, saura la faire se déconnecter de notre univers pour aller rejoindre le tien ! Je ressens cela parce qu’elle m’a légué des miasmes de son terrible pouvoir de prémonition, elle qui a souvent vu la vérité du malheur avant tout le monde !....

Je te l’avoue, j’ai toujours mal, mais je suis un peu plus serein, les larmes qui s’échappent de mes yeux me font de la peine mais ne me font plus souffrir comme avant ! Je t’aime, je le sais, tu l’as toujours su mais je regrette de ne pas te l’avoir dit plus fort et plus souvent !...  

Je tiens bon aussi parce que ton petit-fils ne t’oublie pas non plus, tu l’as vu l’autre jour ? As-tu senti le baiser qu’il t’adressait spontanément ? Ces petits gestes de rappeur qui par leurs impossibles arabesques ont exécuté une pirouette partant de ses lèvres pour venir se perdre et flotter au-dessus de toi !...

 

C’était beau, attendrissant et surprenant…

                                      S__0EC4.jpg

Partager cet article
Repost0
17 décembre 2013 2 17 /12 /décembre /2013 08:44

Si tu savais le vide que tu as laissé

Si tu savais, seulement si tu savais…

Si tu savais les mots que je n’entends plus

Si tu savais les silences que tu m’offrais

Si tu savais combien les jours sont longs

Si tu savais, l’avenir sans toi est un sombre chaos

Si tu savais, maintenant que tu dors devant nous, en moi et pour toujours

Si tu savais, seulement si tu savais…

Si tu savais, le soleil n’a plus la même couleur, la chaleur n’a plus la même odeur

Si tu savais, même l’amour n’a plus de saveur…

Si tu savais comment les courbes de cet écran se sont étirées jusqu’à rejoindre la ligne du bas

Si tu savais, depuis ce jour, je ne me suis jamais relevé !

Si tu savais que je me cache pour que mes larmes n’impressionnent pas mes enfants !

Si tu savais, mais tu le sais, que mes joues brûlent de chaleur quand je quitte ta demeure.

Si tu savais combien de pots de fleurs je remets debout dans ces allées silencieuses.

Si tu savais combien de gens te regardent du ciel sans te voir…

Si tu savais combien j’ai peur de revenir car chaque fois le poids est plus lourd,

Si tu savais combien cette douleur est capricieuse, imprévisible, incontrôlable…

 

Si tu savais combien j’écris sur des mouchoirs…tears-2.jpg

Partager cet article
Repost0
10 décembre 2013 2 10 /12 /décembre /2013 13:39

 

La nouvelle m'est parvenue hier.

Quelques mots pour m'isoler davantage. m'éloigner des berges de la raison, de la tranquillité...

Je me suis vu repoussé loin du rivage. Ce n'est pas cruel, la plage n'est pas loin, je le sais, je le sens, j'ai voulu rejoindre la terre ferme trop rapidement...

Ta tombe est mon radeau et je flotte par delà la mémoire, l'amour et l'amitié.

Je flotte, je suis un nuage qui boit l'oxygène frigorifié de l'hiver.

La neige n'est plus très loin, cette neige sur laquelle tu as écrits des mots avec tes pas, hésitants et fragiles.

J'ai dû les effacer sans le savoir en venant te visiter trop vite, toujours trop vite alors qu'il aurait fallu m'asseoir, me poster devant tes lèvres et boire tes paroles, tes histoires et ta vie entière, t'écouter...

Il neigera, les pages des trottoirs et de ton allée resteront blanches à jamais. Ces pages que je peine à t'écrire

car cette histoire originelle sera tienne, forcément, il ne pourra pas en être autrement.

Impossible, impensable...

Tu es le moteur de ces jours vides qui passent trop lentement désormais.

La vie a ralenti pour nous alors qu'elle s'est arrêtée pour toi.

Il ne reste que douleurs et souvenirs...

Cela dépend des jours. 

Certains sont à ton image, rieurs, enjoués, agréables à vivre et à traverser!

D'autres sont une pluie de larmes qu'aucun amour ne peut faire oublier!

Qui n'a pas vu son père dormir dans les draps de l'éternité ne peut comprendre l'étrange tristesse qui nous habite, qui nous bouscule gentiment quand on s'y attend le moins...

J'ai quelques amis autour de moi qui ont ce tableau violent et immobile dans leur esprit et nos mutismes trahissent l'indescriptible impuissance à laquelle nous sommes confrontés quand nous laissons les images disparues venir nous hanter.

Je suis un nageur solitaire, je ne veux pas me noyer et je ne peux pas crier à l'aide. Qui comprendrait ce cri étouffé qui déchire le coeur, arrache la gorge et brûle les lèvres? Ce cri qui jaillit toutes les nuits, me réveille par la puissance de son silence et qui me laisse fragile sur le bord d'un lit dont je semble étranger...

J'ai froid, je cherche cette chaleur perdue, à portée de main, de mes yeux et de mon âme, tout est là pourtant, alors pourquoi tant d'immatérialité? Pourquoi suis-je devenu un fantôme qui n'a plus aucune préhension, qu'on entend plus, qu'on aperçoit plus qu'on ne regarde?

Un deuil et une non-vie, une vie qui s'est assise sur le trottoir, fatiguée, à bout de souffle et qui cherche un peu de repos pour reprendre cette course folle vers l'infini...

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : A LA RECHERCHE D'ELMO NUVO...
  • : Elmo Was Here...
  • Contact

Texte Libre

Il faut du temps pour tout. De la patience, énormément...
S'ouvrir au monde et dire ce qu'on fout là, presque par hasard, par inadvertance, par politesse aussi...

Je crois que c'était cela au début, de la timide politesse, sans exactement savoir quelle espèce de boîte

de Pandore allait s'ouvrir en définitive!...
Et elle s'est ouverte, peu à peu, car l'objectif inavoué a fini par remonter à la surface, contre toutes mes réticences,
 mes peurs et mes craintes!....
Me voilà donc, à la recherche d'Elmo, perdu de vue vers 1979...
Ce type me manque car il m'avait fait une promesse, ou bien était-ce moi?...
J'ai crié, chanté, pleuré,  et écrit beaucoup...
Mots maladroits, messages codés, entre des lignes fades et sans saveurs...
Je raconte ces petites histoires car s'il peut les lire, il finira bien par revenir...
Il ne faudrait pas qu'il fût déjà poussière....

Recherche

Archives

Pages